"Il y a beaucoup plus de gens émotifs que de vraiment sensibles. La sensibilité rayonne vers les choses, vers les autres. L'émotif égoïste est agité d'un mouvement comparable à celui qui secoue le pot-au-feu dans la marmite. Il mijote dans ses propres limites. Et cela ne va jamais bien loin quand on ne peut sortir au-delà de sa dure peau. " Pierre Reverdy in "En vrac"
« Dans ma cervelle se promène,
Ainsi qu’en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant.
Quand il miaule, on l’entend à peine.
Tant son timbre est tendre et discret ;
Mais que sa voix s’apaise ou gronde,
Elle est toujours riche et profonde.
C’est là son charme et son secret.
Cette voix qui perle et qui filtre,
Dans mon fonds le plus ténébreux,
Me remplit comme un vers nombreux
Et me réjouit comme un philtre.
Elle endort les plus cruels maux
Et contient toutes les extases ;
Pour dire les plus longues phrases,
Elle n’a pas besoin de mots.
Non, il n’est pas d’archet qui morde
Sur mon coeur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde,
Que ta voix, chat mystérieux,
Chat séraphique, chat étrange,
En qui tout est, comme en un ange,
Aussi subtil qu’harmonieux !
De sa fourrure blonde et brune
Sort un parfum si doux, pour l’avoir
caressée une fois, rien qu’une.
C’est l’esprit familier du lieux ;
Il juge, il préside, il inspire
Toutes choses dans son empire ;
Peut-être est-il fée, est-il dieu ?
Quand mes yeux, vers ce chat que j’aime
Tirés comme par un aimant,
Se retournent docilement
Et que je regarde en moi-même,
Je vois avec étonnement
Le feu de ses prunelles pâles,
Clairs fanaux, vivantes opales,
Qui me contemplent fixement.
(Le Chat, Charles Baudelaire, in Spleen et Idéal)
« La mort fait un bruit très doux. Celui des feuilles qui se détachent et qui se posent. Sans déranger personne. Epaississant à peine le silence. Comme un poisson se noie au fond d’un lac. Sans rider la surface de l’eau.
Les mots non plus ne font pas de bruit quand ils aident tout ce qui existe à mourir. Ils voudraient bien tendre les paumes et retenir. Des gestes leur manqueront toujours, auxquels ils ne savent que rêver comme rêvent les arbres aux chants d’oiseaux quand le vent d’automne les dénude. »
Jean-Michel Maulpoix in Portraits d’un éphémère
https://www.youtube.com/watch?v=-R_BpRRx60E&list=RDMA0_Q6hpZ7I&index=9
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